Plinio secondo Onfray
«È stato un filosofo»

Festival “A due voci” Il pensatore è ospite della rassegna ideata dal Maestro Bruno Dal Bon, oggi in Biblioteca. Qui il testo francese dell’intervista

« Savoir vivre au pied d’un volcan » est le thème de la conférence du philosophe français Michel Onfray, auteur de « Sagesse », 2019 (traduit en Italie sous le titre : « Saggezza », Ponte alle Grazie) et de « Anima », 2023 (en Italie: « Anima », Ponte alle Grazie), aujourd’hui à 17h45 à la bibliothèque de Côme. L’événement fait partie du Festival À deux voix. Dialogues sur la musique et la philosophie, organisés par le Maestro Bruno Dal Bon. Entrée gratuite sur réservation sur le lien du site aduevoci.org.

Professeur Onfray, dans les pages de « Sagesse », Pline l’Ancien apparaît comme un philosophe stoïcien, avant même d’être naturaliste. Comment arrivez-vous à cette interprétation ?

On peut être l’un et l’autre en même temps ! Philosophe stoïcien n’est pas incompatible avec naturaliste. Par ailleurs, on peut être imprégné de philosophies diverses, épicurisme, stoïcisme, pyrrhonisme, cynisme, sans être un philosophe de profession. Je ne suis pas soucieux des étiquettes à coller sur des tiroirs dans lesquels ranger tel ou tel en excluant qu’il puisse relever en même temps d’autres tiroirs. Nombre d’idées du Sénèque stoïcien des Lettres à Lucilius sont épicuriennes ! A l’époque les mondes philosophiques sont plus poreux que ce que les manuels de philosophie racontent depuis des siècles.

Guerres, catastrophes climatiques, attaques de virus. Pour vous personnellement, que signifie « vivre au pied du volcan », le sous-titre de votre livre « Sagesse » ?

C’est vivre dans un temps de décadence de notre civilisation. Comme saint Augustin qui, en son temps, assiste à la fin de l’Empire païen, et à la naissance de l’Empire chrétien. Nous savons que ce même empire chrétien s’effondre, les preuves ne manquent pas, sans trop savoir à quoi va ressembler la civilisation qui vient - même si l’on sait que le transhumanisme y jouera un rôle majeur. Regardez du côté d’Elon Musk, et vous aurez une idée : création d’un homme augmenté, domination d’une intelligence artificielle, vie extraterrestre soit sur des exoplanètes soit dans des stations orbitales, artificialisation du monde, servitude volontaire numérique, évincement des humanités classiques et de sa culture au profit d’une gafamisation, si vous me permettez le néologisme, des cerveaux, sacrifice du plus grand nombre qui sera damné au profit d’une élite autoréférencée qui sera sauvée et quittera cette planète devenue invivable. Un mixte du 1984 d’Orwell et du Meilleur des mondes de Huxley.

Laquelle des trois manières de faire face à une catastrophe vous paraît la plus humaine et laquelle la plus proche de vous ?

Faire face, être lucide, regarder, ne pas être dupe, ne pas duper autrui. Ne pas raconter d’histoires, ne pas se raconter d’histoires. Ensuite, outre ce devoir de lucidité, mourir debout sans contribuer à la négativité du monde. Le nihilisme ne doit pas passer par soi. Ce qui suppose une vie de résistance aux idéologies du moment : wokisme, transhumanisme, décolonialisme, intersectionnalité, néo-féminisme radical, transgenrisme, antispécisme, validisme. Un homme n’est pas une femme, un enfant n’est pas un adulte, un blanc n’est pas un noir, un raciste n’est pas un antiraciste, un antisémite n’est pas un philosémite, un valide n’est pas un handicapé, etc. Un enfant blanc mâle musulman handicapé n’est pas une petite fille juive noire valide. Ce qui suppose non pas des inégalités mais des différences - les inégalités sont des constructions sociales faites à partir de données naturelles. La confusion est généralisée : n’y ajoutons pas matière à de plus grands désordres.

L’athéisme que vous attribuez à Pline est en réalité contradictoire : la solidarité, l’amitié, sont des domaines de spiritualité pour Pline. « Devenir Dieu » fait référence à la pietas envers les autres. Comment concilier athéisme et transcendance?

Vous partez du principe que la religion judéo-chrétienne dispose du monopole de la spiritualité comme si la philosophie ignorait totalement ce monde-là ! Vous pensez également, autre préjugé, qu’un athée est un genre de variation sur le thème du pourceau d’Épicure incapable de liaison avec ce qui le dépasse ! Mais depuis Pierre Bayle et ses Pensées sur la comète (1694), on sait qu’un athée peut être vertueux ! Encore un effort pour imaginer qu’il puisse ne pas être un matérialiste vulgaire. Comment peut-on penser qu’un athée ne puisse pas pratiquer la solidarité, ignorer l’amitié ? Rions un peu : il s’en faudrait de peu qu’on pose la question : les athées ont-ils une âme ?

(À l’objection posée par le philosophe Onfray on peut répondre que, dès lors que l’athéisme s’ouvre à la transcendance, il n’est plus athéisme, mais quelque chose de différent. Cela n’a rien à voir avec la foi dans le Dieu de la Bible et de l’Évangile ou dans l’amitié, comme Pline. C’est une recherche de l’absolu qui passe du niveau de l’immanence au niveau du pur “pari”. Après tout, le plus grand critique moderne de la métaphysique, Kant, dans “Ce que signifie s’orienter dans la pensée”, attribue à la raison une poussée (métaphysique) vers la totalité).

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